Fin du plastique, faim du monde
> A l’occasion du deuxième round des négociations du traité mondial sur la pollution plastique qui se tient à Paris dans l’enceinte de l’Unesco, les plastiques sont, plus que jamais, sous les feux de la rampe. Les débats restent souvent circonscrits aux seuls enjeux des emballages à usage unique, le premier débouché de la plasturgie. Le raccourci est néanmoins problématique car le plastique, deuxième matériau le plus fabriqué au monde après le béton et l’acier, est présent dans tous les secteurs d’activité. Bien qu’il s’agisse du même polymère, le polyester du textile est, par exemple, appelé polyéthylène téréphtalate (PET) pour les bouteilles de boisson. Des multiples prises de parole dont Emballages Magazine et Plastiques & Caoutchoucs Magazine rendent compte depuis plusieurs semaines, il ressort clairement que, premier levier devant le réemploi et le recyclage dans la hiérarchie des « 3R » pour la France, la réduction drastique de la production et de la consommation de plastiques passe par une « approche systémique » et un bouleversement radical de nos « modes de vie ». Dans les économies dites développées, les emballages, gages de simplicité et de gain de temps, ont accompagné l’essor de l’urbanisation et de la grande distribution. Ces fonctionnalités d’usage ne sauraient pour autant gommer les apports décisifs en matière de protection, de conservation, de sécurité sanitaire et de lutte contre le gaspillage alimentaire.
Malnutrition Or jamais la faim et la malnutrition n’ont causé autant de ravages dans le monde. Nombreux sont les pays qui peinent à assurer les besoins fondamentaux de leur population, à commencer par l’accès à l’eau potable. L’industrie mondiale de l’emballage est logiquement promise à une très forte croissance. Les discussions autour du traité offrent donc l’occasion de répondre à des questions vitales à l’heure de l’urgence climatique. Quelque soit le matériau, les emballages, à usage unique ou réemployables, demeureront absolument nécessaires. En application du principe de la responsabilité élargie des producteurs (REP), la France a mis 30 ans à construire une filière de tri, de collecte et de recyclage dédiée aux 5 millions de tonnes d’emballages ménagers qui mobilise tout de même un milliard d’euros par an. De nombreux pays ne disposent, en revanche, d’aucune infrastructure de traitement des déchets. Comment « fermer le robinet » du plastique et des emballages à usage unique sans ouvrir la voie à de nouvelles inégalités ? De la réponse « systémique » à cette question cruciale dépend l’avenir du traité.